Combien de fois suis-je venu à cet endroit ?
Des deux côtés les bâtiments austères de la ville
Au centre le fleuve obscur dans la nuit
Porteur du message des montagnes
Des vents de l’océan
Toute la terre aboutit ici
Tous mes désirs aboutissent ici
Combien de fois suis-je passé sur ce pont ?
Et combien de fois, aux suites d’un soir sinistre
Ai-je jeté mes soupirs par delà cette rambarde ?
Les oiseaux tentent une dernière aventure
Les voitures emportent
Les hommes dans leurs domaines
Je regarde tomber ma vie sur la ville
Brume abattue sur un marais boueux
Pourtant nulle eau ne s’arrêtera à ma déchéance
Ou ne recueillera mes pleurs nulle
Eau ne décèlera dans mon soupir
Le soupir lancé par delà cette rambarde
De pierre mon cri secret
Elle coulera imperturbable de la montagne
A l’océan elle coulera
Comme elle a coulé hier
Encre coulant sous mes yeux
Jusque l’âme de qui lira ce poème.
Dienstag, 5. Januar 2010
Le pont des soupirs
Passé la place me voici à l’air libre
Le pont de tous les désirs s’annonce
Ah, je devine déjà en face
L’amour possible et souriant
Il faudra éviter d’aller trop vite
Adapter son allure au cours altier du fleuve
Flâner un instant, admirer
Faire semblant d’admirer
Puis s’arrêter un instant sur le pont
Fureter de chaque berge
Constater qu’il n’y a rien
Repartir
C’est toujours ainsi – soupir –
Comme si l’amour possible souriant
S’annonçait à l’air libre
Sur ce pont ridicule – soupir –
Le pont de tous les désirs s’annonce
Ah, je devine déjà en face
L’amour possible et souriant
Il faudra éviter d’aller trop vite
Adapter son allure au cours altier du fleuve
Flâner un instant, admirer
Faire semblant d’admirer
Puis s’arrêter un instant sur le pont
Fureter de chaque berge
Constater qu’il n’y a rien
Repartir
C’est toujours ainsi – soupir –
Comme si l’amour possible souriant
S’annonçait à l’air libre
Sur ce pont ridicule – soupir –
Le pont des soupirs
L’amoureux
Oh, charmante idée ! Le poète
Sur le pont des soupirs s’épanche –
Merveilleux pont de pierre blanche,
Qu’ensemble mon amour nous vîmes
Le poète
Pas de « charmante idée » en tête,
Je n’ai que de la rage en moi.
Achète le livre, et tais toi !
Ta main sur lui : déjà un crime.
L’amoureux
Vois, mon amour, c’est sur Venise…
« Pont des soupirs » – nom usurpé,
Par un vieil auteur enragé.
Tu ris vraiment quand tu l’as lu.
Le poète
Pauvre poème en pierre grise !
Nouvelles mains, nouvelle mort…
Qu’ils lisent, qu’ils rient au plus fort,
Qu’ils paient ! et qu’on n’en parle plus !
Oh, charmante idée ! Le poète
Sur le pont des soupirs s’épanche –
Merveilleux pont de pierre blanche,
Qu’ensemble mon amour nous vîmes
Le poète
Pas de « charmante idée » en tête,
Je n’ai que de la rage en moi.
Achète le livre, et tais toi !
Ta main sur lui : déjà un crime.
L’amoureux
Vois, mon amour, c’est sur Venise…
« Pont des soupirs » – nom usurpé,
Par un vieil auteur enragé.
Tu ris vraiment quand tu l’as lu.
Le poète
Pauvre poème en pierre grise !
Nouvelles mains, nouvelle mort…
Qu’ils lisent, qu’ils rient au plus fort,
Qu’ils paient ! et qu’on n’en parle plus !
Le pont des soupirs
J’ai dédié ma vie à la chimère
De me croire « un mort avançant vers la vie »
Tout ce qui devait m’arriver
Ne devait pas être vrai – et je ne devais rien choisir
Voilà ce que j’imaginais – et pourtant je suis sur ce pont
Prêt à tout nouveau soleil et à croire en toute autre chose qu'en ces niaiseries
Je suis prêt à renier ma jeunesse
C’est donc cela l’action d’un mort – crois-je !
Un mort n’éprouverait pas cette soif
Un mort n’ouvrirait pas son existence
– s’il existait ! – au premier être venu
Pour lui montrer la grâce de ses côtes parallèles, de son nez creux, etc.
Ah, d’accord – s’il est ainsi gravé que je dois être au monde
Je consacrerai ma vie à la joie à l’amour
J’aurai pour ambition des ambitions modestes
Et jamais jamais je n’aurai écrit ce poème !
De me croire « un mort avançant vers la vie »
Tout ce qui devait m’arriver
Ne devait pas être vrai – et je ne devais rien choisir
Voilà ce que j’imaginais – et pourtant je suis sur ce pont
Prêt à tout nouveau soleil et à croire en toute autre chose qu'en ces niaiseries
Je suis prêt à renier ma jeunesse
C’est donc cela l’action d’un mort – crois-je !
Un mort n’éprouverait pas cette soif
Un mort n’ouvrirait pas son existence
– s’il existait ! – au premier être venu
Pour lui montrer la grâce de ses côtes parallèles, de son nez creux, etc.
Ah, d’accord – s’il est ainsi gravé que je dois être au monde
Je consacrerai ma vie à la joie à l’amour
J’aurai pour ambition des ambitions modestes
Et jamais jamais je n’aurai écrit ce poème !
Le pont des soupirs
Nous marchons lentement le long du fleuve,
Abrités embrassés sous ton parapluie bleu,
Nous nous aimons – quel dommage qu’il pleuve !
Mais qu’importe, après tout, le vieux soleil mielleux ?
Et si nous faisions l’amour ?
La pluie a cessé ; et sur chaque branche
Résonnent les chansons des oiseaux – que c’est joli !
Le bruit de la cité dans l’atmosphère tranche,
Recouvre, tous les mots charmants que tu me dis.
Et si nous faisions l’amour ?
Passent les avenues, rêve la ville,
Et toujours nous marchons dans l’air pesant du soir ;
Sur ton visage, un dernier rayon brille,
Une promesse en ton regard un chant d’espoir…
Et si nous faisions l’amour ?
Douce merveille ! Au loin la nuit s’avance,
Dans l’eau calme la lune et nos ombres se mirent
Du haut du pont nous rions de la chance
D’être ensemble aujourd’hui – jusqu’au dernier soupir !
Et si nous faisions l’amour ?
Abrités embrassés sous ton parapluie bleu,
Nous nous aimons – quel dommage qu’il pleuve !
Mais qu’importe, après tout, le vieux soleil mielleux ?
Et si nous faisions l’amour ?
La pluie a cessé ; et sur chaque branche
Résonnent les chansons des oiseaux – que c’est joli !
Le bruit de la cité dans l’atmosphère tranche,
Recouvre, tous les mots charmants que tu me dis.
Et si nous faisions l’amour ?
Passent les avenues, rêve la ville,
Et toujours nous marchons dans l’air pesant du soir ;
Sur ton visage, un dernier rayon brille,
Une promesse en ton regard un chant d’espoir…
Et si nous faisions l’amour ?
Douce merveille ! Au loin la nuit s’avance,
Dans l’eau calme la lune et nos ombres se mirent
Du haut du pont nous rions de la chance
D’être ensemble aujourd’hui – jusqu’au dernier soupir !
Et si nous faisions l’amour ?
Le pont des soupirs
Si charmant le pont vénitien
Le « ponte dei sospiri » sur toutes les photos de la terre
Sous lui les embrassades des pauvres vieilles gondoles
En face de lui mille yeux avides de mieux le connaître
Cher pont ! mais ce n’est pas de toi que je parle
Mon pont des soupirs à moi n’est pas moins beau
Ni dans une ville moins belle
Pourtant il n’importe à personne, à personne
Pourtant, de la même façon, un condamné
Passe matin et soir, jette à l’eau verte un soupir,
Disparaît dans les entrailles de la ville, et dans l’évocation de l’amour,
Oui, jusque là ! sent encor passer un frisson de mort.
Le « ponte dei sospiri » sur toutes les photos de la terre
Sous lui les embrassades des pauvres vieilles gondoles
En face de lui mille yeux avides de mieux le connaître
Cher pont ! mais ce n’est pas de toi que je parle
Mon pont des soupirs à moi n’est pas moins beau
Ni dans une ville moins belle
Pourtant il n’importe à personne, à personne
Pourtant, de la même façon, un condamné
Passe matin et soir, jette à l’eau verte un soupir,
Disparaît dans les entrailles de la ville, et dans l’évocation de l’amour,
Oui, jusque là ! sent encor passer un frisson de mort.
Le pont des soupirs
J’ai vu ton pont l’autre jour – Ah oui ? –
Exactement semblable à ce que tu décrivais
Dans le poème que tu m’as lu – Sûr ?
Des ponts semblables il y en a mille
Des ponts sur lesquels passent des hommes
Déchirés, même ce fleuve en est blasé…
– Oui, mais je t’ai aperçu sur le pont :
Tu attendais humant l’air du large,
Tu regardais la course des oiseaux, tu
Avais l’air profondément heureux.
– C’est fini, oui ? il n’y avait nul oiseau,
Nul air du large, nul homme heureux.
Il n’y avait personne sur le pont.
Exactement semblable à ce que tu décrivais
Dans le poème que tu m’as lu – Sûr ?
Des ponts semblables il y en a mille
Des ponts sur lesquels passent des hommes
Déchirés, même ce fleuve en est blasé…
– Oui, mais je t’ai aperçu sur le pont :
Tu attendais humant l’air du large,
Tu regardais la course des oiseaux, tu
Avais l’air profondément heureux.
– C’est fini, oui ? il n’y avait nul oiseau,
Nul air du large, nul homme heureux.
Il n’y avait personne sur le pont.
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